Aux côtés de Dvorák, Smetana, Biber, Zelenka, Suk, Janáček, Martinů, et même Mahler, né à Kaliště en Bohème, la « Cité des alchimistes » a constitué une étape de cœur pour certains musiciens étrangers, parmi lesquels un certain Wolfgang Amadeus Mozart…
Prague et Mozart, une histoire d’amour
Le chagrin provoqué à Prague par l’annonce de la mort de Mozart le 5 décembre 1791 (« la date la plus triste de toute l’histoire de la musique » selon Robbins Landon) dépassa de très loin celui observé dans toute autre ville européenne.
Alors que le génial compositeur a été enterré plus que discrètement à Vienne, le premier service commémoratif donné en son honneur à Prague le 14 décembre 1791 a été suivi par des milliers de personnes et l’exécution d’une somptueuse messe de Requiem interprétée par plus d’une centaine de musiciens qui n’avaient accepté aucun salaire.
Les citoyens de Prague ont pris sur eux de fournir une rente à la veuve et aux enfants orphelins de Mozart. C’est aussi à Prague que Constanze a commencé à organiser des concerts de musique à la mémoire de son mari.
Les fruits de cet amour entre Mozart et la capitale de la Bohème, où il a séjourné cinq fois, ont été les créations praguoises des opéras Don Giovanni (dont on dit que l’ouverture aurait été écrite en une nuit) et La clemenza di Tito ainsi que la première exécution de la Symphonie « Prague » K.504, composée lors de sa première visite dans la « ville dorée » au début de 1787.
Témoins des séjours du compositeur, il faut visiter la maison des Trois Lions d'Or ou l’église Saint Nicolas à Mala Strana, où Mozart venait jouer de l’orgue.
Devenue un musée Mozart, la villa Betramka, est l’ancienne demeure des Duschek, musiciens amis de Mozart et c’est dans cette maison, où il séjourna dans le calme, que la cantatrice, par jeu, aurait enfermé le compositeur et exigé pour le libérer qu'il lui écrivît un air de concert Cet air, ce sera « Bella mia fiamma... », K. 528 !
Et bien sûr, il ne faut pas manquer la visite du merveilleux Théâtre des Etats.
La musique tchèque, un manifeste d’indépendance
À l’époque de Mozart, les citoyens de Prague sont probablement les plus instruits musicalement de toute l’Europe.
Pour le comprendre, cela nécessite un retour dans le temps et dans l’histoire de la Bohème. À la suite de la bataille de la Montagne Blanche en 1620 et de la défaite des nobles protestants révoltés contre le régime des Habsbourg, le pays a été recatholicisé de force par les empereurs austro-hongrois.
Avec la promotion de la musique d’église, un système unique d’éducation musicale s’est développé dans tout le royaume avec des instituteurs-musiciens, les fameux Kantors.
À L’époque baroque, Zelenka (1679-1745) va ouvrir la voie à bien des compositeurs tchèques qui porteront à leur tour les germes du classicisme, à l’image de Stamitz (1717-1757) qui deviendra le principal représentant de l'École de Mannheim et qui contribuera à fixer la symphonie dans sa forme classique.
Avec les révolutions du le 19ème siècle, c’est le temps de la « renaissance nationale ». Militant et témoin de l'âme d'un peuple, Bedřich Smetana (1824-1884) sera le musicien le plus représentatif de ces « éveilleurs » de la conscience culturelle tchèque.
Cet homme, qui terminera sa vie sourd et dans un asile d’aliéné, composera le grand cycle des 6 poèmes symphonique Ma Patrie (dont la pièce la plus célèbre est la Moldau).
Puis, viendra Antonin Dvořák (1841-1904), le compositeur tchèque le plus célèbre au monde grâce à des partitions comme la Symphonie du Nouveau Monde, le Concerto pour violoncelle, en passant par les Danses slaves et le chant à la Lune de Rusalka.
Au XXème siècle, Leoš Janáček, l'amoureux des chants populaires moraves, et Bohuslav Martinů, alliant le folklore tchéco-morave à la révolution debussyste , ouvriront à leur tour la voie des formes nouvelles à la musique tchèque.
Salles mythiques de Prague
La ville de Prague recèle de très nombreuses églises et salles de concerts parmi les plus belles d’Europe ainsi que quelques musées dédiés aux plus grands compositeurs tchèques.
Le Théâtre des États
Le Théâtre des États est un petit joyau d'architecture baroque dont le nom évoque historiquement la division de la couronne de Bohême en trois ordres (ou états).
Deux opéras de Mozart Don Giovanni et La Clémence de Titus y furent créés. C’est l’un des seuls théâtres où Mozart a joué qui subsiste encore de nos jours. Certaines scènes du film Amadeus de Miloš Forman y ont été tournées.
Le Théâtre National
Dans un pays dont l'un des dictons affirme « tel Tchèque, tel musicien », le Théâtre national de Prague est l'un des symboles de la Renaissance tchèque au 19ème siècle, qui a permis la construction d'une identité nationale par l'affirmation d'une culture propre et l'émergence d'un langage musical fédérateur.
C’est l’une des plus fantastiques salle de Prague et l’un des plus beaux opéras européens.
Construit grâce à une souscription nationale, il a été inauguré en juin 1881 avec l'opéra Libuše de Smetana.
Peu après son ouverture, il sera la proie des flammes. Un incendie qui sera perçu comme une catastrophe nationale et, très vite, des fonds seront réunis pour sa reconstruction confiée à l'architecte Josef Schulz.
L’Opéra d’État de Prague
L’Opéra d’État de Prague a été construit en 1888. Il a été appelé Nouveau Théâtre allemand jusqu’en 1945 avant de prendre son nom actuel. L’édifice a été rénové durant les années 1980.
Le Rudolfinum et la Salle Dvořák
Le bâtiment néo-Renaissance du Rudolfinum a été édifié entre 1876 et 1884. C’est le siège de l’Orchestre philharmonique de République tchèque.
Ce magnifique orchestre a l’histoire prestigieuse, a été dirigé notamment par Gustav Mahler et Karel Ancerl, l’un des nombreux artistes déportés au camp de Térézin par les nazis.
La Maison municipale et La Salle Smetana
L’imposante et magnifique salle de concert Smetana, avec ses fresques et ses ornementations en stucs, constitue le cœur même de la Maison municipale.
En fond de scène, l’orgue massif est orné d’une sculpture en bronze représentant le compositeur de la Moldau. C’est le siège de l’Orchestre symphonique de la ville de Prague et c’est dans cette salle qu’a lieu, tous les ans, le concert inaugural du festival du Printemps de Prague qui débute traditionnellement par le concert de la totalité du cycle : Ma patrie de Smetana.
La Maison du peuple de Vinohrady
Le bâtiment néo-Renaissance de la Maison du peuple de Vinohrady date de 1894. Elle est composée de 3 grandes salles et ses 5 petits salons. La salle Maïakovski est la plus belle et la plus grande, avec une capacité de 700 places.
Le Palais Lichtenstein et la salle Bohuslav Martinů
En face de l’église Saint-Nicolas de Malá Strana, dans l’ancien palais Lichtenstein, se trouve la Faculté de musique de l’Académie des beaux-arts de Prague.
Elle abrite une très jolie salle de concert, la salle Bohuslav Martinů. D’une capacité de 200 personnes, cette salle accueille des concerts de musique de chambre.
Le musée de la Musique
Le musée de la Musique est abrité dans l’ancienne église de style baroque de Sainte-Marie-Madeleine, située à Malá Strana. On peut y découvrir une collection de près de 400 instruments de musique d’époque, d’une valeur inestimable. Des concerts ont également lieu dans le musée.
Le musée Antonín Dvořák
Situé dans la villa de style baroque Amerika, le musée rend hommage aux multiples facettes de la vie du compositeur qui fut, de Nelahozeves à New York avant de revenir à Prague, l’un des plus grands globe-trotters tchèques.
Le musée Bedřich Smetana
Situé dans un bâtiment néo-Renaissance de l’ancien château d’eau de la Vieille Ville, non loin du pont Charles, le musée invite à redécouvrir d’une manière originale la vie et l’œuvre de Bedřich Smetana.
Pour aller + loin, écoutez notre playlist consacrée à Prague :