2003 : la naissance d'un transatlantique à Saint-Nazaire
Tout commence à la toute fin du XXe siècle, en 1999. La compagnie Cunard lance sa campagne pour la construction d’un tout nouveau navire. De nombreux chantiers navals sont en concurrence, et ce sont ceux de Saint-Nazaire qui remportent le marché. Il faut dire que l’expertise passée des chantiers de l’Atlantique dans la construction d’un paquebot pour une transatlantique a joué en leur faveur. On leur doit notamment la construction du France et celle du Normandie. Puis les événements s’accélèrent. En novembre 2000, les contrats sont signés entre l’armateur britannique et le chantier. La construction débute le 16 janvier 2002. Le 4 juillet 2002, il y a la cérémonie de la mise sur cale en présence de nombreux officiels et de Ronald Warwick, futur commandant du bateau qui en tiendra la barre durant 7 années. Le délai de 2 ans pour la construction du bateau est très court, et chaque journée de retard qui passe reviendra à une pénalité de 500.000 dollars pour les chantiers de l’Atlantique. Le défi était immense d’autant que les chantiers de Saint-Nazaire - et d’ailleurs, n’avaient plus l’habitude de créer des navires capables de résister aux conditions parfois difficiles de l’océan Atlantique.
80.000 dessins produits par le cabinet d’architecte, 300.000 pièces d’acier, 1500 kilomètres de soudure, 10 millions de rivets, 800 millions de dollars, le savoir-faire (et l’obstination) des 3000 ouvriers de Saint-Nazaire, et quelques pièces de monnaie française et britannique placées dans la quille (pour porter chance) auront été nécessaires pour que le Queen Mary 2 puisse partir du port de Saint-Nazaire le le 22 décembre 2003. Revivez cet instant historique qui voit ce colosse 3 fois plus grand que le Titanic prendre la mer…
L’histoire aura pu être belle, si un malheureux accident de passerelle n’avait pas coûté la vie à 16 personnes et blessé 29 autres lors d’une visite officielle le 15 novembre 2003. La justice statuera sur une série de « négligences, manquements et fautes » dans la conception de la passerelle qui n’était pas destinée à supporter des charges aussi lourdes. La structure de 18 mètres de hauteur s'est effondrée sur elle-même (reportage à partir de 1 minute 10).
Ce tragique événement précéda d’un mois seulement la mise en service du paquebot.
La vie du Queen Mary 2
À ce jour, le QM2 est le quatrième navire le plus grand du monde. Long de 345 mètres, ses moteurs sont capables d’alimenter une ville comme Reykjavik. Ses atouts ? Un luxe unique, un chenil pour les animaux, une traversée hebdomadaire de l’Atlantique (6 jours de voyage). Le paquebot accoste à 7 heures du matin à Southampton puis repart à 18h00 après avoir embarqué et débarqué 2700 passagers (et même un peu plus depuis sa rénovation), 3 millions de litres de carburant, plus de 4000 bouteilles de vin, près de 30.000 sachets de thé et 2 tonnes de pommes de terre. Les flux sont tendus, car la rotation est capitale pour la santé financière de la compagnie. En effet, ce sont pas moins de 60.000 dollars qui sont engrangés par Cunard (propriété de la compagnie américaine Carnival) pour chaque heure passée en mer. On comprend donc que les 11 heures passées au quai, c’est peu, mais c’est toujours trop.
L’histoire aurait pu être bien différente pour la compagne britannique. En 1958, le premier vol commercial entre l’Europe et les États-Unis est réalisé, séduisant aux passage de nombreux touristes et hommes d’affaires. Avec un Queen Elizabeth 2 vieillissant et devant prendre sa retraite en 2004, les dernières transatlantiques pointaient dangereusement le bout de leur nez. 15 heures de vol contre 5 à 6 jours de traversée, le choix était aussi évident que cruel. C’était sans compter sur la détermination du patron de Carnival qui engagea près d’un milliard de dollars et la pérennité de sa compagnie pour faire perdurer cette tradition maritime.
Les passagers en quête de luxe, de voyage, de style et d’exception ne s’y trompent pas. Des célébrités comme James Taylor ou encore Russell Crowe y ont effectué leur traversée. Le succès est bel et bien au rendez-vous.
The Bridge 2017 : le retour aux sources
On aurait pu croire que les infidélités du Queen Mary à l’égard de Saint-Nazaire allaient perdurer (notamment avec sa rénovation à Hambourg), l’actualité nous indique pourtant le contraire. The Bridge 2017 est une transatlantique entre le paquebot et 4 maxi-trimarans réunissant la fine fleur des skippers. Une compétition chargée de symboles et empreinte d’histoire, car elle célèbre les 100 ans de fraternité entre l’hexagone et les États-Unis, le retour du gros bateau à Saint-Nazaire, et une rencontre entre 2 mondes (notamment technologiques).