L'arrivée sur l'Ile de Pâques
L’Ile de Pâques est l’une des terres du globe les plus isolées, à des milliers de kilomètres du Chili, dont elle dépend administrativement, et des îles de la Polynésie, où elle est rattachée culturellement. Pour partir à la découverte de l’Ile de Pâques, vous avez 2 options. Par voie de mer, lors d’une croisière, qu’elle soit sur un paquebot ou un voilier ; ou en avion, via les vols quotidiens proposés par la compagnie aérienne LATAM qui a la concession de desserte de l’île.
Que vous arriviez par avion ou par bateau, vous serez sans aucun doute surpris ! Par la mer, comme ce serait le cas, lors de cette croisière virtuelle, sachez que l’île ne dispose pas de port marchand, mais uniquement de ports de pêche, et que le débarquement se fait à l’aide des chaloupes de votre navire, ce qui peut parfois être un peu houleux, vu la position de l’île, perdue dans le Pacifique…
Si vous arrivez par avion, ce qui pourrait être le cas en voyage individuel, ou lors d’un pré ou post séjour avant une croisière, (ce que nous avons l’habitude de proposer chez Voyages d’exception), votre entrée dans l’île se fera par le minuscule aéroport international de Matarevi, situé à la pointe Sud-Est de l’île, près de la capitale Hanga Roa. Vous serez surpris de débarquer d’un grand Boeing 777 directement sur la piste, et de vous diriger à pied vers le petit hangar afin de récupérer votre valise, sur l’unique tapis à bagages, dans une toute petite salle de douane, avant de vous diriger vers la sortie… Accueillis alors par les larges sourires des habitants, on vous remettra autour du cou un collier de fleurs… Ne vous y trompez pas… Vous êtes sur une île polynésienne !
Les incontournables
La durée de votre séjour est importante, car celle-ci peut vous aider à déterminer les sites que vous souhaitez découvrir ! De même, il peut être important de réfléchir au circuit, afin d’optimiser votre temps, et éviter les allers-retours !
Nous vous proposons donc ci-dessous une petite sélection des « incontournables ». Cette liste n’est bien entendu pas exhaustive, car cette île recèle mille merveilles, et les sites les plus « rares » sont aussi ceux qui sont souvent les plus déserts ! Enfin, nous pensons qu’il est aussi intéressant d’organiser votre visite crescendo afin qu’elle se termine par les sites les plus mémorables, sinon vous pourriez être moins « enthousiasmés » par des sites mineurs, bien que remarquables par la suite…
La première idée, est de découvrir les sites qui bordent l’aéroport, ou la capitale Hanga Roa, que vous soyez arrivés en chaloupe ou en avion. Ces sites sont donc situés sur la pointe Sud-Est de l’île.
Quittant l’aéroport ou le port de Hanga Roa, vous pouvez vous diriger tout d’abord vers le site de Ahu Vinapu. Comme nous l’indiquions dans cet article, les Ahu sont des plates-formes rectangulaires réalisées à l’aide de pierres volcaniques et sont des endroits sacrés. Cette première visite sur ce site vous permet de mettre en valeur ces constructions, avec une particularité unique sur l’Ile de Pâques, mais également en Polynésie. En effet, les pierres monumentales de ce Ahu ont été assemblées sans mortier, et taillées pour s’imbriquer parfaitement les unes dans les autres. Cet assemblage atypique n’est pas sans rappeler le type d’assemblage que l’on peut observer à Cusco ou au Machu Picchu. Les scientifiques se sont interrogés sur cette spécificité, et leurs similitudes. C’est très certainement l’une des particularités qui a fait naître à l’esprit de l’archéologue et ethnologue norvégien Thor Heyerdahl, à la fin des années quarante, l’idée que les Pascuans pouvaient venir d’Amérique du Sud, et non de Polynésie. Ce fut le début de la célèbre expédition du Kon-Tiki, dont vous devez certainement vous souvenir…
Puis poursuivant vers le Sud, vous pouvez vous arrêter au volcan de Rano Kau afin de profiter de la vue sur le cratère, avant de poursuivre vers le village cérémoniel d’Orongo. Ce site est d’une importance capitale, car c’est ici que naquit le cérémonial de l’Homme Oiseau, afin d’éviter les conflits fratricides entre tribus. Les athlètes, soigneusement choisis dans chaque tribu se défiaient au début du printemps pour ramener de l’un des trois petits îlots qui font face au site, (les 3 petites îles de Motu Nui, Motu Iti et Motu Kao Kao), un œuf de sterne, offrant le pouvoir, pour une année, au Chef de la tribu vainqueur. On peut, lors de cette visite, observer à bonne distance le pétroglyphe de l’Homme Oiseau, mais surtout découvrir l’habitat des Rapa Nui du XVIème siècle : des maisons assez basses, faites de dalles laminaires basaltiques superposées, appelées Keho et recouvertes d’un toit végétal.
Quittant ce site, traversant la capitale et se dirigeant au Nord vers l’intérieur des terres, vous pouvez faire une halte au site de Puna Pau. C’est sur ce site que les chignons coiffant les Moaï étaient extraits du petit cratère de scories, tout proche. Ces Pukau sont de couleur rougeâtre, et dénotent du reste des roches présentes sur l’île. Les spécialistes estiment que ces chignons furent ajoutés aux Moaï vers le XVème siècle, correspondant à la fin de la période de culte aux statues. Dans la coutume Rapa Nui, il était d’usage, dans les grandes familles, de ne pas se couper les cheveux. Cela aurait donc conduit à l’ajout de cet artifice aux Moaï, les coiffant alors d’un chignon, à l’image des hommes qu’ils étaient censés commémorer.
Poursuivant toujours plus au Nord, vous arrivez à Ahu Akivi. Ce site est d’ailleurs le seul Ahu situé à l’intérieur des terres, les autres étant situés sur les côtes. Ce site a une deuxième particularité : alors que l’on rencontre enfin ces premiers Moaï érigés sur un Ahu depuis notre arrivée sur l’île, on découvre que ce site est le seul dont les Moaï regardent vers la mer ! En effet, les Moaï traditionnellement étaient censés veiller sur les communautés, et regarder donc vers les terres, vers les villages.
Revenant alors vers la ville, ne manquez pas l’occasion de découvrir le Musée du Père Sébastien Englert, qui rassemble de nombreux objets qui éclairent le passé de l'Ile de Pâques. On y découvre de nombreux artéfacts, de nombreux panneaux explicatifs, mais surtout l’une des découvertes majeures de la fin des années soixante-dix, un fragment d’œil de Moaï, composé de corail blanc et de tuf rouge. Cette découverte laisse à penser que ces Moaï ne prenaient vie que lorsqu’une fois dressés sur leur plate-forme. On taillait les orbites de ces statues afin d’y apposer leurs yeux. Lors de cette visite, intéressez-vous aussi aux tablettes présentant l’écriture Rongo Rongo, qui vous rappelleront peut-être quelque peu les hiéroglyphes égyptiens, et que personne n’a encore jamais eu l’occasion de déchiffrer…
Afin de terminer votre journée de visite, ne manquez pas de vous diriger vers le plus ancien site de l’île, l’Ahu Tahai, situé en ville, et composé de trois plates-formes, dont l’une supporte un bel ensemble de cinq statues. Cette visite, en fin de journée, vous permettra d’apprécier la vue imprenable sur cet ensemble, avec, à l’horizon, les couleurs scintillantes du coucher de soleil. Vous pourrez alors prolonger cette soirée en ville, car certains restaurants offrent la possibilité d’agrémenter votre dîner d’un spectacle de chants et de danses polynésiens.
Le lendemain, poursuivant votre visite, nous vous conseillons de dédier votre journée à un tour de l’île… Il vous permettra de compléter votre découverte de l’île de la veille. Longeant alors la côte Sud de l’île, d’Est en Ouest, un arrêt au Centre d’Interprétation vous permettra de découvrir une reconstitution des anciennes huttes longilignes, dans lesquelles les pascuans vivaient. Poursuivant toujours plus vers l’Ouest, vous arriverez au pied du volcan Rano Raraku. C’est ici que les ancêtres des Rapa Nui ont sculpté l’ensemble des Moaï de l’île. Il s’agit donc de la carrière à ciel ouvert d’où sont issues toutes les statues de l’île. Elles ont toutes étaient taillées puis extraites du flanc de ce volcan. C’est l’un des sites archéologiques majeurs de l’île, et en parcourant le site, on découvre tout d’abord le chemin funeste de certains Moaï qui, une fois débités, vinrent se briser au pied du volcan, et furent alors abandonnés. Prenant de la hauteur, on découvre les différentes étapes de réalisations de ces statues, et l’on imagine ensuite la difficulté rencontrée par ces sculpteurs pour acheminer ensuite leurs sculptures sur l’ensemble des sites de l’île. Vous serez peut-être intrigués par les têtes de Moaï dressées, que vous trouverez éparpillées autour de vous. Il s’agit en réalité de la dernière étape d’élaboration d’un Moaï. Une fois taillées et débitées de la base du volcan, les tailleurs avaient l’habitude de faire basculer ces statues dans des fosses préalablement creusées, leur permettant alors d’accéder au dos de la sculpture pour la terminer ! Ces têtes sont donc en réalité des Moaï entiers et qui, avec le temps et l’érosion du volcan, se sont retrouvés enfouis jusqu’au cou… Ce site vous marquera sans aucun doute, et la présence de pas moins de 397 Moaï de tuf, cette pierre volcanique solidifiée, ne vous laissera certainement pas indifférent…
Quittant cette carrière, à quelques centaines de mètres seulement, on découvre le site certainement le plus connu au monde, le Ahu Tongariki. Accueilli à l’entrée du site par un Moaï que l’on nomme le « Voyageur », on découvre un alignement de 15 Moaï qui ont été redressés sur la plate-forme de près de 220 m de long. Lorsque les archéologues se sont penchés sur ce site, ils se sont interrogés sur la disposition des Moaï. Ils avaient tous, comme sur d’autres sites de l’île, été reversés. Il n’y avait pas de doute ici, mais ces Moaï avaient la particularité d’être éparpillés sur quelques dizaines de mètres en direction des terres. Cette distribution particulière laisse à penser qu’ils auraient peut-être été balayés par une vague gigantesque venue de l’océan, tel un tsunami. Les chercheurs pensèrent alors au tremblement de terre de 1960 qui avait frappé le Chili. Ce site de l’île étant orienté au Sud-Est, il a été très certainement frappé de plein fouet… Le travail réalisé par les archéologues, afin de reconstituer cette plate-forme et d’y ériger à nouveau ces Moaï, donne aujourd’hui aux visiteurs la chance de pouvoir s’émerveiller de ce véritable chef-d’œuvre.
Enfin, traversant l’île, vous vous retrouverez sur la côte Nord-Ouest, et approcherez du site d’Anakena, où l’on retrouve à nouveau un Ahu et des Moaï. Mais la particularité de ce site, est qu’il est situé sur la seule plage de sable blanc de cette île volcanique… Avec des températures parfois caniculaires sur l’île, le plaisir de se baigner dans le Pacifique peut alors se faire sentir… Et alors que vous goûterez peut-être cette eau cristalline, vous aurez une pensée pour ces premiers colons polynésiens qui s’élancèrent sur les flots, vers l’horizon, car la légende voudrait, que c’est ici, sur cette même plage, qu’ils mirent pour la première fois, pied à terre sur l’île…
Photos : Jean-Charles Thillays