Péninsule Antarctique et passage du cercle polaire
Durant ces sept jours pleins, votre navire Exploris One naviguera de merveilles en merveilles. En fonction des conditions météorologiques, son itinéraire pourrait être modifié. Dans le détroit de Gerlache, une sortie en zodiac vous permettra d’observer une séance de nourrissage des baleines, tandis qu’en baie Paradis, l’approche d’une falaise vous donne à contempler des cormorans à œil bleu s’ébrouant sur leurs nids posés dans la roche sombre. À Neko Harbour, un glacier vêle des icebergs sous vos yeux. Vous entendrez la glace de ceux-ci fondre en mer. L’île Booth et l’île Petermann furent les lieux d’hivernage de Jean-Baptiste Charcot (entre 1905 et 1909). En ce temps, les équipages marquaient leur passage : les Français bâtirent un cairn sur une colline de l’île Booth. De là, l’Antarctique vous offre à contempler un infini « cimetière » d’icebergs échoués sur les hauts-fonds d’une baie dont vous explorerez le dédale en Zodiac. L’île Petermann abrita longtemps la plus australe colonie de manchots Papous, espèce habituée à de plus basses latitudes. Le changement climatique brise ces habitudes. Au bout du cinquième jour de navigation, vous passerez la ligne mythique, cette frontière fantasmée au-delà de laquelle le pôle semble s’offrir… Même s’il est encore à près de 3 000 km ! Votre bateau naviguera dans le Crystal Sound que le cercle polaire partage en deux. Cristalline ou pas, la glace est ici partout : en glaciers creusant les vallées de la péninsule, en icebergs dialoguant avec notre navire. Vos journées les plus au sud commencent. Au-delà, le dédale des îles et des icebergs entre l’île Adelaïde et le continent n’autorise pas le passage. Charcot l’avait trouvé. Mais votre navire, malgré son habilitation glace, est plus large que le "Pourquoi Pas ?". Le commandant et le chef d’expédition vous emmèneront aussi loin que vous l'avez rêvé, tout en préservant votre sécurité. À l’île Detaille, la station britannique W est inoccupée depuis 1966, mais bien conservée, bardée d'équipements emblématiques des bases scientifiques d’alors. Seuls quelques chercheurs en géodésie vinrent aussi loin. Par petites étapes, vous reprendrez la route vers le nord. Prospect Point est encore à 66° de latitude sud. Situé sur la Terre de Graham, le site est l’occasion unique de prendre pied sur le continent antarctique. À cet endroit, la Péninsule ne fait que 80 km de large. Mais des sommets de 3 000 m rendent sa traversée impossible. La base britannique J se déploya ici dans les années 1950. Il n’en reste rien, car le Traité de l’Antarctique exige la dépollution d’un site quand il est définitivement abandonné. Ainsi, les humbles visiteurs que vous êtes, défendent ce pacte commun de préserver l’Antarctique de tout, sauf de l'émotion. Vous atteindrez Port Lockroy, la base A, certes britannique mais dans un site qui fleure bon la France, car Port Lockroy ne se dit pas « locrauille » mais « locroa », du nom d’un ministre, soutien de Charcot. En fond sonore de cette escale, vous entendrez les vociférations des jeunes de manchots papous et de chionis bancs réclamant la becquée. Leur nourrissage se fera sous vos yeux, sur les marches mêmes de la station britannique, laquelle réunit une boutique, une poste et un musée. Une balade en Zodiac dans ce petit port abrité permet d’approcher une colonie de cormorans à œil bleu et pourquoi pas d’observer un phoque léopard au repos sur un pan de neige. Réveillé, ce prédateur pourrait vous offrir la vision de son propre nourrissage… à base de manchot. Plus loin encore, outre ses manchots à jugulaire et ses sites archéologiques baleiniers, les Shetlands du Sud déploient une leçon de volcanisme grandeur nature. Ainsi Deception Island est un ancien cône volcanique effondré, dont le gouffre a été envahi par la mer. Inoubliable sera l'entrée à bord d’Exploris One dans ce port parfaitement abrité. À l’entrée de la baie, des aiguilles de basalte sont des conduits volcaniques pétrifiés, dont vous observerez le même type à Half Moon Island. Là, une longue plage en croissant de lune vous accueillera dans un univers en noir et blanc, où tranche la cabane orange d’une station argentine, ouverte certains étés. Cette couleur fait écho aux teintes des lichens couvrant les rochers et à la tâche rouge sur le bec des goélands dominicains. Vous apprécierez cette communion avec la vie sauvage, rendue possible par votre présence respectueuse en son sein.